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Carnets de Bretagne

, 14:00pm

  

L'Odet s'est empli des eaux de l'Atlantique. Jusqu'aux pieds de Saint Corentin à Quimper et même au delà, jusqu'à la source où remontent les saumons, il joue à embellir ses rives sauvages et secrètes. Dans ce coin de Bretagne propice à la sérénité , c'est la marée qui porte la vie à une nature généreuse refusant la monotonie.

 

Tout à l'heure poussant ses eaux, elle est étale à présent dans cette anse de l'Odet que j'observe. comment retenir toutes ses teintes, ses lignes, ses zones d'ombre et de lumière, tout ce décor naturel, parfait d'équilibre.

L'appareil photo, le carnet de croquis n'y suffiront pas. Il faut mémoriser l'image entière dans son unité et ses détails. Là bas, la barque bleutée penche sous la houle légère. Châtaigniers et pins rivalisent de formes extravagantes et de majesté.

J'observe depuis un moment, les hérons cendrés perchés dans les arbres plus loin sur la droite. Ils sont bien une vingtaine à surveiller les premiers mouvements de l'eau qui signaleront le reflux. Croquis. La lumière change. Il faudra ajouter du gris de Payne au bleu céruléum. Le soleil fait des caprices. Qu'importe, ce nouvel éclairage est sans doute plus révélateur encore de la beauté sauvage du site.

 

Etale une trentaine de minutes, cela lui suffit, la mer se retire. Nouveau spectacle. Dans la brise timide, le ballet des hérons commence. Déployant une ample envergure, ils se lancent dans l'espace à présent possédé par la lenteur superbe du même mouvement multiplié. Mes yeux et mon téléobjectif tentent de capter cet instant magique.

Puis le crayon, un seul jet, une seule ligne, prendre la forme des ailes, retenir ce gris tendre qui les habille.

 

Les voilà qui se rapprochent et se posent plus près encore. Les chenaux vaseux réapparaissent bruns et verts, scintillant d'eau et de lumière. Qu'a laissé la mer, de quel festin les hérons vont-ils se régaler ? Ils s'affairent à la quête de leur nourriture.

 

Nouveaux mouvements, nouvelles formes, l'eau stagnante devient leur miroir. Photo. Des goélands argentés entrent dans l'image, suivis de quelques mouettes rieuses qui ont gardé leur capuchon marron. Superbe.

 

Je me sens un peu débordée. C'est clair, rien de dessiné, rien de peint ne sera jamais aussi beau que ce spectacle-là. Le vent qui se lève, m'emplit de frissons et de vertige devant une nature aussi grandiose. Il me restera les miettes. Baignée de toutes ces sensations, ces émotions, je tenterai de les poser sur le papier grain chiffon ou plutôt satiné tant la lumière est douce, en y réinventant ces teintes. Tout cet univers à recréer !